That’s all Yolks        



« Ici, ce qui m’interesse c’est l’idée de l’oeuf comme un objet à la fois quotidien, surréaliste et proche de la science-fiction »

Dans le cadre de la programmation du Little Palais - le lieu des pratiques culturelles et éducatives -, le Palais de Tokyo a invité Antoine Medes à produire une oeuvre inspirée de la tradition de l’œuf de Pâques. Il propose pour l’occasion un ensemble de sculptures en faïences qui s’affranchissent de la connotation religieuse de l’œuf pour explorer la multiplicité des formes de sa représentation. Graine germée, œuf pondeur sur pattes, ses sculptures reflètent la grande consommation d’images de l’artiste, des publicités aux reproductions d’oeuvres d’art, en passant par le cinéma, les portes-clés poule ou les ustensiles de cuisine pour séparer les blancs des jaunes. « Il n’est pas vraiment question de l’œuf comme concept mais plutôt de tropes, de jeux sur le sens du mot. Il y a bien sûr ici un potentiel sensuel ou fétichiste mais vite désamorcé par des situations un peu ridicules ou molles, des petits échecs presque cartoonesques. » Le titre That’s all yolks se réfère justement aux dessins animés de Warner Bros. Picture, mêlant leur célèbre slogan « That’s all folks ! » (C’est fini les amis !) à folks (le jaune d’œuf). Un jeu de mot façon œuf brouillé qui vient réinsérer dans un générique que fin l’idée d’un commencement. Ainsi, si elle déconcertent par leur caractère saugrenu, les sculpture d’Antoine Medes n’éludent pas la forte charge symbolique de l’oeuf qui apparait dans de nombreux mythes de la naissance de l’univers. Mais en plaçant ces oeufs sur une table d’atelier pour enfants, les mystères de la création évoquent tout autant l’origine du monde que la possibilité de faire éclore ce qui est caché en chacun de nous : une intensité créative en devenir.

Simon Bruneel-Millon, 2019